Selon l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM), il existerait une centaine de programmes de modification du temps dans le monde. Depuis 2000, l'administration météorologique chinoise possède son propre Bureau de modification du temps. En prévision des JO de Pékin 2008, elle a travaillé pendant des mois sur un projet censé garantir un ciel sans nuage tout au long des Jeux. Chacun a pu juger sur pièce de l’efficacité du dispositif…
La géoingénierie, une baguette magique ?
Des chercheurs renommés travaillent sur des solutions de « dernier recours », comme aiment à les présenter les spécialistes de la question. Ceux qui ne jurent que par elle prétendent que la géoingénierie(1) permettrait aux scientifiques de contrôler le climat de la Terre tout entière. Selon John Schellnhuber, responsable du principal groupe de scientifiques du climat britannique, « La politique actuelle sur le climat semble ne pas fonctionner. Nous ne disons pas que nous avons la baguette magique, mais c'est une situation désespérée et les gens devraient commencer à penser à des moyens non conventionnels. Des projets préventifs à grande échelle sont nécessaires. » (The Guardian du 11 janvier 2004). Le rêve prométhéen selon lequel l’Homme serait fait pour conquérir le monde et le maîtriser a encore de beaux jours devant lui !
Une situation « désespérée » comme le soulignait encore l’économiste indien Rajendra Pauchauri, président du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat et prix Nobel de la Paix 2007 (qu’il partage notamment avec Al Gore) en septembre 2008 : « Il nous reste sept ans pour inverser la courbe des émissions de CO2 ». Pourquoi 7 et pas 10 ? tout simplement parce que le chiffre 7 est magique et fait appel à l’inconscient culturel et au religieux ?
Vers la manipulation climatique…
Parmi ces « projets préventifs à grande échelle » encore au stade préliminaire heureusement, certaines techniques de « manipulation climatique » planétaire sont dignes d’une superproduction de Georges Lucas. Ainsi, des chercheurs prévoient d’injecter (en se servant de ballons ou de fusées) des millions de particules réfléchissantes (des tonnes de soufre ou d’aluminium) dans la stratosphère pour limiter le rayonnement solaire et ainsi ralentir le réchauffement terrestre. Cette idée est née de l’observation des éruptions volcaniques. Les particules de dioxyde de soufre rejetées dans l'atmosphère par les volcans font chuter la température terrestre d’environ un demi-degré pendant quelques semaines, quelques mois ou même plusieurs années.
Réduire la température de manière significative est aussi l’objectif des scientifiques, qui tentent de réussir artificiellement un mécanisme obtenu naturellement par les volcans. Certains scientifiques imaginent l’humanité vivant sous une bulle climatisée géante filtrant les rayons solaires à l’aide d’un gigantesque voile ! Pour la bagatelle d’à peine un milliard de dollars par an, le projet Manhattan pour la planète d’Edward Teller prévoit ainsi l’installation d’un écran solaire géant autour de la Terre pour en détourner les rayons solaires.
Des apprentis sorciers
Dans la famille « apprentis sorciers » signalons également John Latham du très sérieux Centre de recherche atmosphérique (USA) et son idée ahurissante de réaliser des milliers de turbines géantes qui augmenteraient le réfléchissement terrestre. Ces turbines seraient déployées sur les océans afin de blanchir les nuages en pulvérisant de l’eau salée dans les strato-cumulus et pourraient accroître la quantité de gouttelettes contenues dans les nuages. Avis aux généreux donateurs, M. Latham est toujours en quête de sponsors… La géoingénierie, qui ne semble pas beaucoup intéresser les médias, est une technologie improbable, susceptible de (dé)stabiliser le climat, et la perspective de dommages collatéraux risquant de découler de ces diverses expériences aurait franchement de quoi inquiéter le plus confiant des écocitoyens…
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(1) Dans les années cinquante, les officines privées de modification artificielle du temps ont testé la géoingénierie sur le secteur agricole, notamment pour déclencher des précipitations localement.
Ces questions de géoingeniérie sont abordées dans mon essai "La dernière Croisade. Polémiques sur l'écolomania" à paraître en octobre prochain.
1 commentaire:
Je n'avais jamais entendu parler de geoingenierie mais de certains des projets titanesques cités. Il y en a d'autres, tous emanants de très sérieux scientifiques, comme des milliers de petits mirroirs en haute atmosphère (apparamment considéré comme le plus réaliste malgré les coûts faramineux) ou d'énormes pompes pour rétablir la circulation des grands courants océaniques envisagés à disparaitre (le tout dans un bon dossier S&V). Ces remèdes sont ultimes et reposaient sur des scénarios catastrophiques. En sommes-nous si loin ? Rien n'est moins sur ...
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