Dans le virtuel, nous acceptons de manière étonnante de vivre sous le règne des "corbeaux"... En effet, quiconque le souhaite peut recourir à ces fameux pseudos parfaitement autorisés dans le virtuel (alors que le même acte serait totalement prohibé dans le réel) pour dénoncer son patron, son garagiste, ses ex fiancés, son toubib, ses voisins ou dieu sait qui encore... Dans la vie réelle, utiliser un faux nom pour dénoncer ou agresser un individu reste associé à "corbeau", "délateur", "un ami qui vous veut du bien"... bref, une lâcheté. Et bien, la même loi ne s’applique pas dans le virtuel. On peut écrire n’importe quelle méchanceté ou stupidité, diffamer en cachant sa véritable identité sous un pseudonyme sans crainte d’être traité de corbeau par le reste de la communauté.
Pourquoi donc cacher son identité sous un pseudo ? L’excuse la plus répandue, notamment chez ceux qui jettent le plus de fiel, consiste à prétendre que leur employeur risque de les virer s’ils s’expriment à visage découvert. Sans blague ? J’ignorais que nous vivions dans une dictature... Si cet argument peut éventuellement convenir pour les "hauts fonctionnaires", je doute que ce soit une catégorie sur-représentée sur les blogs où pourtant les pseudos abondent. Dans les sites de discussion, on peut se permettre de dire tout et n’importe quoi sans risque, sans responsabilité aucune... et il faut vraiment mettre le paquet pour se faire censurer !
Pour certains utilisateurs de pseudo, il s’agit d’une arme qui signifie : « Je vous insulte en toute impunité, je décrète, je critique, bref je vous crache à la figure d’autant plus volontiers que je n’ai pas à assumer mes opinions au grand jour. Personne ne connaîtra mon vrai visage, alors pourquoi me priver ? » Et les plus jeunes qui arrivent sur le Net (et oui, c’est ainsi, je suis soucieuse des valeurs que nous transmettons aux jeunes générations...) ne connaissent pour la plupart que cette manière d’exprimer leurs opinions, ou de commenter celle de quelqu’un d’autre ; en particulier si ce quelqu’un d’autre est en total désaccord.
Une solution courageuse : rester caché derrière son masque… jouer au corbeau... un sport national -international en fait- qui devrait nous inciter à nous poser des questions et attirer le regard des spécialistes sur un phénomène interprété inversement selon qu’on évolue dans le réel ou le virtuel. Il semble d'ailleurs étonnant qu’aucun sociologue ou anthropologue ne se soit encore penché sérieusement (du moins à ma connaissance) sur ce phénomène.
Pour ma part, j'admets la critique assumée, dithyrambique ou assassine, à partir du moment où elle est signée sous la véritable identité de son auteur. En revanche, pseudos fantaisistes ou anonymes, peuvent aller se rhabiller ; je ne lis ni ne réponds aux auteurs qui se cachent. Je ne fraie ni avec les lâches, ni avec les corbeaux. On ne joue pas dans la même cour... Autant qu'ils le sachent !
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Publié initialement sur mon site Les Di@logues Stratégiques en mars 2008 : http://www.lesdialoguesstrategiques.com/index.php?option=com_content&task=view&id=112&Itemid=117
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Variation sur le même thème, "En chaque blogueur sommeille un schizophrène…" (9/01/2009) : http://www.lesdialoguesstr
ou sur AgoraVox : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-chaque-blogueur-sommeille-un-49793
1 commentaire:
C'est très juste, je partage ton analyse et tu as raison de les ignorer !
En plus, près de chez moi, il y a des corbeaux, y sont pas beaux et y font bocou de bruit ;-)
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