jeudi 7 janvier 2010

ALBERT CAMUS CONTRE LA PESTE DES « FEROCES PHILANTHROPES », par Paul Villach, AgoraVox :

Extrait :

« Existe-t-il tant d’hommes dont on puisse dire, comme de Camus, qu’ils ont vu clair ? Est-ce la maladie qui le conduisait à regarder la vie en face avec la mort à son revers, cette tuberculose du pauvre attrapée à vingt ans, qui ne l’a pas lâché avec ses rémissions et ses rechutes sans toutefois réussir à l’avoir ? Qui, comme ce jeune homme entre 22 et 47 ans, a pris si tôt la mesure des tragédies de son temps avec une telle lucidité ?

Le colonialisme ? Qu’on relise ses articles d’Alger républicain sur « Misère de la Kabylie » : « Par un petit matin, écrit-il en juin 1939, j’ai vu à Tizi Ouzou des enfants en loques disputer à des chiens kabyles le contenu d’une poubelle. (…) La misère ici n’est pas une formule ni un thème de méditation. Elle est. Elle crie et elle désespère.(…) Il est méprisable de dire que ce peuple n’a pas les mêmes besoins que nous. » Qu’on reprenne sa série d’articles parus dès le 13 mai 1945 dans Combat, intitulée « Crise en Algérie » sur les massacres de Sétif, Guelma et Kerrata, le 8 mai 1945, le jour même de la capitulation nazie où la France était toute à la joie de la paix retrouvée !

Alors qu’au mois d’août suivant, les journaux célèbrent les bombes atomiques qui viennent d’anéantir Hiroshima et Nagasaki, qui exprime dans Combat son angoisse devant l’époque de terreur nouvelle qui vient de s’ouvrir ?

À l’heure du Communisme triomphant où certains intellectuels se font les « compagnons de route » du Parti Communiste français, c’est encore Camus qui dénonce avant l’heure le régime soviétique concentrationnaire et plaide pour une politique où il n’entend être « ni victime ni bourreau ». « (Les camps) font partie de l’appareil d’État, en Russie soviétique, vous ne pouvez l’ignorer, fait-il observer à Emmanuel d’Astier de la Vigerie, dès octobre 1948. Il n’y a pas de raison au monde, historique ou non, progressive ou réactionnaire qui puisse me faire accepter le fait concentrationnaire. ».

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