dimanche 31 mai 2009

« HOME » DE YANN ARTHUS BERTRAND : LA GRANDE PANDEMIE DE L'ECOLOMANIA

En prévision de la sortie mondiale de « Home », le docu-film sur la planète de Yann Arthus Bertrand, la bande-annonce se propage frénétiquement sur Facebook et partout sur le Net. Le 5 juin 2009, à l’occasion de la Journée mondiale de l’Environnement, ce sera le bouquet final avec la diffusion gratuite, multimédia (internet et télévision) de la version intégrale dans plus de 130 pays.

Grandiose ! Magnifique ! Epoustouflant ! Je n’en doute pas une seconde, le film « Home » sera d’une beauté à couper le souffle, à la hauteur de la bande-annonce et du talent de l’artiste Yann Arthus Bertrand[1]. Magnifiques, les images de ce paradis (presque) perdu que nous offre le photographe-réalisateur engagé. Magnifique aussi la grande cause mondiale du « climatologiquement correct » qui parvient à mobiliser les pays (riches principalement) au-delà des frontières, des idéologies politiques ou religieuses, de l’éducation, des origines et du statut social. Oui, vraiment, magnifique… surtout quand on pense à toutes ces grandes causes qui, elles, ne trouvent aucun soutien, toutes ces vies qui sont en jeu. Là… maintenant… en 2009... sous nos yeux…
En quelques années, l’« écolomania » s’est littéralement emparée de tous les pans de la société. En tant que citoyenne, je me sens directement concernée par la montée en puissance des idées écologiques qui affectent déjà la sphère sociale et agissent de plus en plus sur la vie privée. En tant que professionnelle habituée à décrypter les interactions et les mécanismes sociaux, il m’a paru intéressant d’apporter un regard novateur sur un phénomène unique en son genre par son caractère universel et admis comme incontestable. La plupart des gouvernements de la planète ont pris conscience des dangers du réchauffement global et de la nécessité de le ralentir à défaut de pouvoir en annuler totalement les effets. Désormais, aucune personne censée ne remet en cause la réalité du réchauffement (non, non… ne cherchez pas… pas même Claude Allègre !). Cette vérité étant énoncée une fois pour toutes, j’ose espérer que le lecteur distrait comprendra que mes propos ne visent pas ici à m’insurger contre des empêcheurs de tourner en rond désireux de réfréner mon désir pervers de polluer l’eau et l’air ou mon appétit jamais rassasié pour les produits bon marché fabriqués dans des pays lointains par une main d’œuvre surexploitée…

Pour les nantis au ventre plein (comprendre : les régions du monde où les individus sont devenus des consommateurs « accros », c’est-à-dire à peu près partout en Occident) l’heure est venue d’adopter une attitude plus responsable, plus respectueuse vis-à-vis de l’environnement et de son prochain. D’ailleurs, la grande majorité des habitants des pays riches s’accorde sur le fait qu’il est urgent de cesser de piller les ressources de la planète. L’heure est (enfin) venue d’inventer des énergies alternatives qui pollueront le moins possible l’atmosphère.

Le climatologiquement correct, parole d’évangile ?
Les images « vues du ciel » de Yann Arthus Bertrand laissent entendre que le paradis terrestre est accessible… une fois nos péchés absous bien sûr ! Car le message de l’artiste raisonne comme un précepte religieux signifiant : celui qui se conforme au dogme a encore une chance de racheter son âme. Heureux celui qui croit, il ira au royaume des Cieux ? Les mises en garde de Yann Arthus Bertrand sont entendues par les plus jeunes car le photographe mène campagne dans les écoles (encouragé par l’Education nationale) pour sensibiliser les enfants aux dangers du réchauffement. C’est donc catéchèse obligatoire dans toutes les écoles et les lycées, publics comme privés.
Responsabiliser les jeunes générations dès le biberon afin qu’elles évitent de commettre les mêmes erreurs que nous semble évidemment partir d’un bon sentiment. Leur faire prendre conscience que les ressources naturelles ne sont pas éternelles, qu’elles ne doivent pas être gâchées, qu’elles ne nous appartiennent pas et qu’elles doivent être partagées avec ceux qui en manquent est fondamental. Impliquer les jeunes dans le combat contre la pollution en les incitant à adopter un comportement de citoyen « éco-responsable » doit être une composante essentielle de l’éducation de nos jeunes, j’en conviens. En revanche, terroriser les enfants et les ados au point que beaucoup soient persuadés qu’ils mourront en pleine force de l’âge de soif, de faim, de cancer, de maladie respiratoire ou d’une pandémie planétaire mystérieuse parce que nous, adultes, avons échoué lamentablement en abusant de la vie et des richesses de mère Nature, là je dis STOP ! Je refuse de m’associer à cette « mise en scène de la peur » pour reprendre l’expression du philosophe Michel Serres[2] qui n’a pas peur, lui, d’aller jusqu’à parler d’un « audimat de la mort ». Oui, la peur fait vendre. La peur de manquer, de souffrir, de mourir. La peur d’avoir peur... C’est ainsi, les messages pessimistes retiendront toujours mieux l’attention des foules que les messages optimistes. L’instrumentalisation de la peur reste une arme de choix et, comme le disait Machiavel, « Qui contrôle la peur des gens contrôle aussi leur âme. ». Mais la peur n’écarte pas le danger. Bien au contraire, elle serait même inhibante. L’individu apeuré ne parvient pas à prendre le recul nécessaire pour décider de la voie à suivre. Manquant de lucidité, il est tenté de remettre son sort entre les mains de « ceux qui savent », les politiques au pouvoir, les personnalités médiatiques, les capitaines d’industrie, les scientifiques, les « people », les sportifs de haut niveau, les leaders religieux, les leaders d’opinion,… bref, les « puissants », c’est-à-dire tous ceux qui détiennent « la connaissance », ou ont droit à la parole et ne s’en privent pas pour prétendre savoir comment réagir.
Indissociable du discours alarmiste dominant qui la transcende, la peur est véritablement une arme politique, économique et intellectuelle de manipulation des masses. Une arme de « manipulation massive ». Pour ceux qui entretiennent cette peur en divisant pour mieux régner, l’adhésion volontaire ou forcée du plus grand nombre à la religion de l’écologie est devenue une priorité. Ils ont trouvé avec elle un nouveau cheval de bataille pour se mettre en avant ou donner des leçons aussi bien au petit peuple qu’aux élites.
Engagé dans le combat écologique dès le début des années 1970, Al Gore[3], leader charismatique tout auréolé de son prix Nobel de la Paix 2007, ancien vice-président des Etats-Unis de 1993 à 2001, candidat malheureux à la présidentielle américaine de 2000, expliquait déjà les causes et les dangers du réchauffement planétaire dans le documentaire au succès mondial de David Guggenheim « An Inconvenient Truth » (« Une vérité qui dérange » en français) sorti en grandes pompes en mai 2006. Une vérité qui dérange et une vérité absolue si l’on en croit le discours qui s’impose depuis lors dans les médias et chez les supporters du « pape » des Croisés de la lutte contre le réchauffement climatique. Auteur de plusieurs best-sellers[4] sur l’environnement, Gore s’appuie sur le rapport de l’économiste britannique Sir Nicholas Stern[5], « L’économie du changement climatique », devenu quasiment parole d’évangile depuis sa publication en octobre 2006. Soutenu par les Nations Unies, Gore parle d’une « urgence planétaire sans précédent ». Il fait des émules et forme des « disciples » qui essaiment la terre entière pour aller prêcher la bonne parole. « Sa » bonne parole... Gore a coutume de dire : « Nous pouvons être la génération dont les gens se souviendront plus tard ». Sans aucun doute… mais le spectacle que nous leur donnerons à voir n’est pas celui de la raison. Ce sont nos signaux de peur qui risquent de marquer les jeunes esprits plutôt que notre sagesse, hélas.

La crainte du châtiment divin
Je vois dans l’écolomania l’émergence d’une nouvelle religion[6]. Une religion de plus en plus réfractaire au doute et à la discussion et dont il faut dénoncer les excès dès qu’elle revêt les habits de l’intolérance. Dès qu’elle cherche à installer « sa » vérité coûte que coûte. Si la religion, comme toute religion de la plus primitive à la plus moderne, est le plus souvent un facteur de cohésion sociale, elle peut aussi conduire à la désagrégation d’une société en crise ou divisée. En temps de crise (et nous sommes incontestablement en période de crise) la tentation est forte de désigner un ou plusieurs responsables de tous nos maux.
Le vocable religieux, le rapport de l’humain avec le divin, du sentiment religieux comme lien social, la redéfinition du bien et du mal, l’universalité du message, les tentatives de détournement de la science au profit de la religion, les rituels collectifs, la désignation de boucs émissaires, la nature « sacrée » de mère Nature, les aspects transcendants, le dogme, les excès, l’intolérance,… constituent, selon moi, autant de pistes permettant d’établir un parallèle entre le climatologiquement correct et l’idéologie religieuse. La religion sert toujours des intérêts « supérieurs », alors une question me tarabuste, forcément : à qui profite « véritablement » l’écolomania ? En effet, doit-on accepter un nouveau dogme religieux sous prétexte de bonnes intentions ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Pour les écologistes intégristes, la réponse sera probablement « oui »… Pour les autres, ceux qui veulent réfléchir par eux-mêmes, il est grand temps d’analyser cette écolomania qui s’apparente de plus en plus à une croisade des Temps modernes. J’ai vu, dans la diffusion « planétaire » du docu-film de Yann Arthus Bertrand, une bonne occasion d’attirer l’attention du lecteur (qu’il ait ou non la foi…) sur les dérives possibles du discours dogmatique. Maxima culpa.

Si l’écologie peut être un choix de vie collectif, elle ne peut en aucun cas être imposée comme la religion du IIIème millénaire. Certes, éduquer à respecter l’environnement est essentiel. Mais cette éducation ne doit pas servir à réveiller les terreurs ancestrales à des fins de manipulation. La religion qui se veut hégémonique proscrit le doute et rejette tous progrès ou découvertes qui n’iraient pas dans le sens indiqué par le dogme. Le principe de toute religion intolérante consiste à maintenir ses fidèles dans l’ignorance et dans un « climat » de peur : la crainte du châtiment divin. La fin de l’humanité qui a péché est une valeur sûre ! Cette illusion populaire et sans fondement, bien enfouie dans notre inconscient, est toujours prête à ressurgir en période de crise.
C’est un fait : en moins d’une décennie, l’écologie est passée du phénomène de mode à un véritable mode de vie, adopté avec conviction par la majorité des habitants des pays occidentaux. Il faut s’en féliciter. Mais comment expliquer, qu’en dépit de leur bonne volonté, les simples citoyens -qui font plutôt figure de bons élèves- soient sans cesse rappelés à l’ordre ? Les autorités et les oiseaux de mauvais augure les terrorisent littéralement en leur faisant miroiter pour les 10 ou 50 prochaines années toute une série de catastrophes : déchaînement climatique (selon l’humeur du jour : canicules à répétition ou refroidissement aussi brutal que destructeur), pénuries alimentaires, empoisonnement de l’air ou de l’eau, pandémies impossibles à endiguer, conflits dévastateurs pour la maîtrise de l’énergie, l’accès à la nourriture et à l’eau potable, épuisement total des énergies fossiles, etc. Telles les 10 plaies s’abattant sur l’Egypte comme autant de châtiments divins, les thèmes du poison, des pandémies, de la famine, de la sécheresse, de la montée des eaux, des séismes, des guerres… sont récurrents au cours de l’histoire de l’humanité. Chacun de ces « fléaux divins » représente autant de menaces et de terreurs typiques ayant fait la preuve de son efficacité dans un contexte psychosocial dominé par l’angoisse. Les Gaulois craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête ? Ne souriez pas, rien n’a vraiment changé. Aujourd’hui, nous craignons de voir la planète exploser… Face au catastrophisme ambiant, notre premier réflexe doit-il viser à essayer de faire la part des choses ou à répéter à la cantonade que la planète est malade de l’humanité ? Devons-nous, comme le prétend Al Gore, crier sur tous les toits que les choses bougeront seulement lorsque les populations auront compris l’alternative qui s’offre à elles : « d’un côté un point de non-retour et la fin potentielle de l’humanité ; de l’autre l’espoir. » ? Est-il besoin d’effrayer et de choquer nos enfants en leur prédisant les pires catastrophes tout en « oubliant » de les sensibiliser aux problèmes actuels ? Comment s’étonner alors que les jeunes soient si pessimistes et ne parviennent pas à se projeter dans l’avenir ? Quel futur pour ces générations à qui l’on promet la disparition de leur planète à un âge où ils devraient se dire que l’avenir leur appartient et qu’ils ont toute la vie devant eux ?

Culpabilisation permanente
« Nous avons tous le pouvoir de changer, alors qu’est-ce qu’on attend ? » lance la voix off de Yann Arthus Bertrand dans son film « Home ». Qu’est-ce qu’on attend ? Mais on attend que les décideurs décident justement… ! Ceux qui ont le pouvoir de changer, ce sont eux ! Nous, les citoyens lambdas, cela fait déjà un bout de temps que nous sommes prêts !
Dans ces conditions, quel est l’intérêt de continuer à utiliser la panique si ce n’est pour bousculer les esprits et forcer les gens à réagir dans l’urgence ? Pourquoi les apôtres du réchauffement ne parviennent-ils pas à afficher une certaine sérénité ainsi qu’il sied à ceux qui revendiquent la capacité à guider le peuple ? Culpabiliser en permanence les citoyens « déviants » est une stratégie machiavélique, mais payante. Cette nouvelle religion permet de détourner l’attention des vrais problèmes (la faim dans le monde, l’accès à l’eau potable et à l’éducation, les guerres,...). Elle permet aussi de diviser les membres de la société en deux groupes : ceux qui penseraient et agiraient pour le bien commun et ceux qui penseraient et agiraient dans leur seul intérêt (taxant par exemple de 500$ la mère de famille québecoise qui « préchaufferait » son véhicule par -30° avant de conduire ses enfants l’école chaque matin, comme l’a dénoncé l’animateur Sylvain Bouchard sur 93.3 FM Québec). Pourquoi culpabiliser sans cesse les citoyens alors qu’ils sont de plus en plus disposés à revoir leurs habitudes de consommation ? De plus en plus enclins à utiliser les transports en commun ou à enfourcher leur vélo quand cela ne relève pas du parcours du combattant (le succès de Vélib’ à Paris et autres vélos en libre-service à La Rochelle, Lyon, Rennes, Nantes, Strasbourg, Montréal… n’est plus à démontrer). De plus en plus de consommateurs sont prêts à payer plus cher une auto recyclable, électrique ou « hybride ». Je ne crois pas être la seule non plus à rêver d’acquérir un jour l’un des futurs véhicules équipés d’une pile à combustible… De plus en plus de gens limitent leurs voyages en avion, adoptent le tri sélectif des ordures, rapportent leurs piles usagées, recyclent leurs bouteilles en verre, leurs bouchons en plastique, consomment moins et mieux (la crise n’est pas seule responsable…), évitent d’utiliser des bombes aérosols, mangent bio ou avalent moins de viande pour limiter la production intensive, recyclent leur eau de pluie, optent pour des planchers en bois « écologiques »,... Les plus déterminés coupent la climatisation de leur voiture, pratiquent le co-voiturage et rationalisent leurs trajets, boycottent leur sèche-linge énergivore, installent des cheminées de nouvelle génération sans fumée et sans suie. Oui, quand leurs moyens le permettent, de plus en plus d’individus ordinaires sont prêts à dépenser plus pour remplacer toutes les ampoules de la maison ou du bureau contre des basse tension, troquer leur vieille chaudière au fuel contre une pompe à chaleur, installer l’énergie solaire ou la géothermie et chauffer moins leurs intérieurs. Bref, à accepter un surcoût pour une énergie renouvelable et des produits respectant davantage l’environnement. Tout le monde a compris que ces petits gestes, combinés les uns aux autres, pourraient, à l’usage, provoquer de grands effets.

Le sacrifice des boucs émissaires
Le climatologiquement correct se nourrit des jalousies sociales et des rancoeurs et ce n’est pas un hasard s’il a trouvé un terreau fertile en France où le sentiment de frustration atteint son paroxysme avec la crise économique. Là où, plus qu’ailleurs, la confiance en l’avenir est à son niveau le plus bas. Omniprésent dans les médias, mais aussi de plus en plus dans les discussions familiales et amicales, l’écolomania agit sur les esprits et commence à diviser les groupes sociaux. La tentation de chercher à résoudre une crise en sacrifiant une victime expiatoire, un bouc émissaire, est indissociable des sociétés humaines[7] qu’elles soient traditionnelles ou modernes. La ou les cibles désignées (des individus appartenant à une minorité stigmatisant les craintes ou les jalousies) une fois jetées en pâture à la foule déchaînée vont nourrir son appétit de violence. Ce processus infernal peut aboutir, au mieux, à la mise au ban de la société ; au pire, au meurtre collectif. La mort est évidemment un châtiment extrême, mais il n’est pas inutile de rappeler que la plupart des religions sont fondées sur le meurtre collectif. René Girard a qualifié ce meurtre de « fondateur » en raison de ses effets « réconciliateurs [8] ». Il est plus facile, en effet, de chercher à dissimuler son incapacité à comprendre et à dominer les cycles de la nature en jetant à la vindicte populaire des pseudo responsables plutôt que de reconnaître les limites de son savoir. Quand des leaders charismatiques parviennent à convaincre une majorité d’individus angoissés qu’un groupe bien identifié (de préférence la minorité qui doute, pose des questions dérangeantes ou refuse de polariser toute son énergie sur une cause universelle) nuit à la communauté tout entière, cela ne peut mener qu’à une seule issue : la violence collective aboutissant au sacrifice du ou des boucs-émissaires.
La religion de l’écologie trouve également un écho de plus en plus fort dans les pays victimes de la pauvreté. Les pays occidentaux qui surconsomment sont devenus « l’ennemi ». Un ennemi tout trouvé pour expliquer de manière simpliste tous les maux de la planète. Pour ne citer que cet exemple, que penser, en effet, de l’enseignement dispensé par les professeurs de « développement durable » dans les écoles primaires d’Inde, du Népal ou du Bengladesh[9] ? Les jeunes élèves, ces futurs « réfugiés climatiques[10] » comme on les nomme désormais, y apprennent qu’ils sont les victimes des nations riches qui ont rendu exsangue leur pays à force d’exploiter ses ressources et sa population, que ces pays oppresseurs sont seuls responsables du réchauffement global et donc de tous les maux (montée des eaux inondant leurs terres notamment) qui en découlent. Certes, nul n’oserait contester le manque de générosité et de compassion des pays riches vis-à-vis des pays pauvres (cette insoutenable indifférence est largement abordée dans mon essai « La dernière Croisade. Polémiques sur l’écolomania » à paraître en octobre prochain.[11]). Cependant, ce discours, qui donne une explication simpliste et réductrice à la pauvreté des nations en voie de développement, me semble davantage relever de la volonté de manipuler et d’inciter des millions de jeunes esprits à « La haine de l’Occident » pour reprendre le titre de M. Jean Ziegler[12] que d’une quête de vérité et de partage des responsabilités. Désigner, sans autre forme de procès, un bouc émissaire qui plus est consentant et pénitent pour expliquer aux pauvres qu’ils ne parviennent pas à s’en sortir en raison d’un « complot » des pays riches travaillant à leur perte me semble un raccourci dangereux, peu propice au maintien de la paix et au développement de la coopération entre les peuples. Assurément, le « Vert » est dans le fruit…

Une manne pour les marchands du Temple
N’ayons pas peur de le dire : l’exploitation de tout ce qui a trait à l’écologie est devenue une extraordinaire source de business. C’est sans doute aussi l’une des raisons qui permet d’expliquer l’engouement dans tous les domaines (politique, économique et même religieux) pour la religion officielle du nouveau millénaire. N’est-il pas fascinant que Benoît XVI, pape de l’Église catholique romaine, rejoigne lui aussi le troupeau des écolomaniques ? Non sans arrière-pensée, l’Eglise a décidé de réactualiser la liste des péchés capitaux. Désormais, la pollution vient s’ajouter à la liste (la paresse, l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l’envie). Sans doute l’Eglise souhaitait-elle « récupérer » un mouvement qui menaçait de lui faire de l’ombre ? Il est incontestable que l’écolomania profite à tous ceux qui ont compris que le péché contre l’écologie est un bon filon. Le filon du « vert » c’est de l’or en barre, une manne pour tant de secteurs d’activité qu’il serait économiquement impossible aujourd’hui de faire machine arrière.
Cette nouvelle religion profite aussi aux médias. Des reportages aux documentaires en passant par les séries, conférences sur le climat,… elle fait les gros titres des télés et des journaux. Elle profite aussi évidemment aux professionnels du marketing. Il suffit de voir le nombre de pubs vantant les produits « respectueux de l’environnement » pour comprendre à quel point le « greenwashing » a le vent en poupe. Des multinationales aux PME, des municipalités aux constructeurs d’automobiles et aux avionneurs, des fournisseurs d’électroménager aux fabricants de shampooings, de détergents ou de cosmétiques en passant par les producteurs de matériel informatique ou de sapins de Noël artificiels,… Et oui, le « vert » est un « plus produit marketing » pour tous les marchands du Temple. Tous, sans exception, se disent éco-responsables et revendiquent des produits « éthiques » et un comportement « durable ». Les écolabels sont mis à toutes les sauces. Info ou intox, le label « vert » est source d’augmentation des ventes et de valorisation de l’image d’une entreprise qui se veut perçue comme un acteur « citoyen ».
Les stars du cinéma ne sont pas en reste et se mobilisent pour nous inciter à pratiquer notre examen de conscience. Le séduisant héros d’« Indiana Jones », l’acteur Harrison Ford, apparaît dans un clip de 30 secondes intitulé « Ce qu’on perd là bas, on le ressent ici ». L’acteur se fait arracher les poils des pectoraux dans la douleur -mais pour la bonne cause- devant la caméra. Voilà qui devrait le rendre plus populaire encore auprès de la gente féminine qui partage avec lui les tourments de l’épilation à la cire… Ce rituel masochiste est supposé illustrer « ce que nous coûte la destruction de la plus riche forêt de la planète »[13] dixit Conservation International qui a commandé le spot à l’agence BBDO New York. « Chaque petit morceau de forêt qui est arraché là-bas nous fait mal ici ! » lâche la star militante, une fois l’opération expiatoire achevée. Un acte de contrition qui se veut altruiste et désintéressé, mais qui était diffusé sur les écrans de télé au moment même où sortait en salle « Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal ». Un beau coup marketing pour M. Ford-Jones et ses producteurs et une manière intelligente d’attirer l’attention sur une actualité cinématographique tout en confortant son image proprette d’acteur engagé pour l’environnement.
L’écolomania profite aussi aux « petits », aux mal lotis, aux frustrés, aux aigris de tout poil, aux professionnels de l’indignation, qui voient-là une bonne raison de s’en prendre à ceux qui ont plus qu’eux, qui consomment plus et donc polluent plus, roulent en grosse cylindrée ou peuvent s’offrir des vacances au soleil, tous ces « riches » dont l’argent forcément suspect a été gagné « sur le dos de la planète ». Dans toute religion, le plaisir est coupable… Aussi est-il de bon ton de s’en prendre également aux hédonistes et aux épicuriens qui préfèrent le « carpe diem » à la panique générale, aux gens épanouis, heureux de vivre sans penser au lendemain sans pour autant être des simples d’esprit… A tous ceux qui ont foi en l’Homme et dans ses capacités d’adaptation, à tous ceux qui croient en un avenir meilleur malgré tout, à tous les optimistes de la vie qui pensent envers et contre tout que la nature a beaucoup plus d’imagination et de ressources que les simples mortels, à tous ceux qui respectent mère Nature sans pour autant l’idolâtrer.
En dépit des progrès de la science, l’individu ne parvient toujours pas à agir sur les causes naturelles de désastre. Il va tenter, par la pensée magique, de conjurer le sort et de pallier sa faiblesse en vouant un culte religieux à la nature. Lutter contre l’hérétique devient alors une urgence, une question d’ordre public. En effet, l’hérésie sera perçue comme une rupture du lien social, d’où toutes ces levées de boucliers face à ceux qui posent les questions qui fâchent. Le citoyen un peu curieux ne doit surtout pas s’essayer à comparer les points de vue ou à se rebeller contre la pensée dominante. Il doit prouver sa foi sans faille et se fondre dans le troupeau. L’illusion que l’homme peut tout contrôler ouvre la voie à l’irrationnel et à l’arbitraire. S’en remettre ainsi à la pensée magique relève de la paresse intellectuelle.

La « faim » du monde
« En vérité je vous le dis »… il n’y a qu’aux esprits libres que l’écolomania ne profite pas ! Elle ne profite pas à tous ceux qui préféreraient que cette croisade se transforme en action immédiate pour les Vivants, en gestes concrets pour tous ces enfants innocents qui semblent uniquement venus au monde pour souffrir. Toutes ces pauvres âmes à qui l’on fait de beaux discours sur les générations futures. Tous ces pauvres hères qui, sous nos yeux et au nom de la préservation de l’environnement, crèvent de soif et de faim faute d’accès à l’eau potable et de techniques modernes de cultures. Ceux qui meurent du paludisme ou de maladies pourtant faciles à éradiquer avec des vaccins, les déplacés, les violés, les exterminés par les guerres ethniques, les exploités par des Etats voyous qui bafouent quotidiennement et en toute impunité les droits de l’Homme. Ces innombrables « morts-vivants », il ne tient qu’à nous de les sauver au lieu d’accroître leurs difficultés en leur imposant notre nouvelle religion de riches. Ne devrait-on pas en priorité essayer de traiter les urgences qui sévissent aujourd’hui dans le monde ? Au nom des générations futures, on sacrifie aujourd’hui les nécessiteux sur l’autel du développement durable. Ainsi, les générations futures voient leurs droits défendus avant même d’être nées… On dépense des milliards d’euros ou de dollars pour tenter d’enrayer le réchauffement climatique sans aucune certitude de résultat. Mettre en œuvre le rapport Stern reviendrait à dépenser 300 milliards d’euros par an alors qu’il suffirait de 40 milliards de dollars par année pour s’attaquer sérieusement aux problèmes de la faim, de l’eau potable et des maladies qui touchent les pays pauvres[14]. M. Surya P. Sethi, représentant de l’Inde à la conférence sur le climat qui se tenait à Nairobi en novembre 2006, rétorquait à ceux qui lui faisaient la leçon (l’Inde a le triste privilège d’être le plus gros émetteur de gaz à effet de serre avec la Chine) qu’entre deux maux, son pays avait opté pour le pragmatisme : « Nous devons choisir entre améliorer le sort des plus miséreux au sein de notre population ou réduire nos émissions de CO2 pour satisfaire les pays développés. Nous ne pouvons pas faire les deux. ». Ce même reproche a été réitéré par l’Inde au Sommet de L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO[15]) qui se déroulait du 3 au 5 juin 2008 à Rome.

L’enfer est pavé de bonnes intentions…
J’avoue que j’y perds un peu mon latin, pour ne pas dire la foi, quand la course pour sauver l’environnement se fait au détriment des êtres humains. Comment peut-on raisonnablement prétendre sauver les générations futures alors que nous ne tentons pas même d’endiguer la pauvreté qui sévit toujours en 2009 ? Lorsque nous préconisons l’ascétisme à des miséreux, ne nous comportons-nous pas comme des enfants-rois et des inconscients ? Des enfants-rois plus « pratiquants » que jamais. Les plus climatologiquement corrects ont remis au goût du jour périodes de carême et actes de contrition, comme ce groupe de Canadiens qui a décidé de se priver des deux tiers de sa ration d’eau habituelle pendant 48 heures afin de prouver qu’il était possible de consommer moins de 350 litres d’eau par jour (la consommation quotidienne d’un Nord-américain). D’autres manifestent leur foi en entreprenant un pèlerinage au pôle Nord dans le but de démontrer que les glaces fondent de manière inexorable. D’autres encore ne jurent plus que par le tourisme écologique ou « équitable ». Certains consommateurs repentis (on dit aussi ex-grands pécheurs impénitents) décident de partir en retraite dans des tribus africaines ou asiatiques, chez les Amérindiens ou les Inuits, pour tenter l’expérience du retour à la nature. Ils y écoutent l’enseignement de sages qui vivent loin de la civilisation, ces moines des Temps modernes qui leur inculquent la philosophie d’un mode de vie frugal. Leur leitmotiv : « Se limiter à l’essentiel ». Maigre consolation : notre mauvaise conscience fait au moins marcher le commerce « éthique » tout en contribuant au développement local.
En dépit des beaux discours, nous ne parvenons pas à gérer à la fois nos urgences et celles des pays pauvres. C’est un vieil artifice : pendant qu’on crie au loup, on ne s’occupe pas des urgences. Quelles sont ces urgences ? Des êtres humains, au Darfour, en Tchétchénie, au Tibet, en Birmanie, en Centrafrique, au Congo, en Ethiopie, au Zimbabwe,… dont le seul tort est d’être loin de nos yeux donc loin de nos cœurs, qui sont martyrisés ou meurent de faim dans une indifférence quasi générale. On ne peut résoudre plusieurs problèmes à la fois ? Alors on fait le choix –conscient ou non- d’ignorer ces millions de gens en espérant que leur sacrifice permettra de sauver le reste de l’humanité ? « Combien de morts faudra-t-il encore ? » fredonnait déjà mon chanteur préféré au début des années 1960[16]. Comme le rappelait Dany Laferrière, journaliste et écrivain québecois qui ne pratique pas la langue de bois[17] : « Nos intellectuels brillent par leur absence. Personne ne veut risquer ses acquis sociaux et économiques. Ils n’osent pas faire face à la montée des idées démagogiques et fascisantes. Ils préfèrent se réfugier parfois dans des combats plus fédérateurs comme l’Environnement. Le combat pour un monde plus vert et plus respirable est un combat important. Mais veut-on respirer un air propre quand celui-ci est pollué par l’injustice, le racisme et l’exclusion ? ».

Les fautes et les erreurs du passé nous empêcheraient-elles de regarder en face celles que nous commettons dans le présent ? Dans 50 ans, les fameuses générations futures tenteront-elles à leur tour de dénoncer, voire de racheter, nos fautes pour mieux masquer les leurs ? Ne nous y trompons pas, à chaque génération ses « crève-la-faim », son lot d’actes impardonnables et irréparables, son indifférence criminelle, ses tueries et, par conséquent, quelques décennies plus tard, ses repentances. Quand l’heure des comptes avec un nouveau passé aura sonné, les inévitables donneurs de leçons tenteront à nouveau de stigmatiser un groupe d’individus pour les désigner comme des coupables idéaux. Oui, la génération au pouvoir dans cinq ou six décennies sera sûrement trop occupée à juger nos méfaits d’aujourd’hui pour ne pas avoir à se préoccuper des siens… Comme l’a constaté avec lucidité Régis Debray, « les repentances ont toujours 50 ans de retard[18]. ».
Rappelons qu’en 2008 : « 119 millions de personnes de plus se retrouvent dans une situation de famine et, au total, quelque 967 millions de personnes souffrent de malnutrition » selon l’Oxfam. Selon Barbara Stocking, directrice générale d’Oxfam : « Des vies innocentes ont été brisées par leur exposition à la volatilité des marchés. ». L’inflation galopante du prix des aliments a eu un effet dévastateur sur les populations touchées et a rappelé qu’en 2007 le prix du blé au Guatemala avait augmenté de 300 %, le prix de la farine et du riz avait doublé au Cambodge et aux Philippines. Mme Stocking a tenté d’alerter la communauté internationale sur cette urgence : « Il est temps que le monde se rende compte de la nécessité que les gouvernements des pays en voie de développement aident leurs agriculteurs frappés par la pauvreté, et de l’obligation des pays industrialisés de les y aider. ». De son côté, l’organisation CARE international, dirigée par Jonathan Mitchell, estime que 17 millions d’habitants de la Corne africaine sont menacés de famine (6,4 millions d’Éthiopiens et la moitié de la population somalienne). D’après le rapport de l’organisation humanitaire britannique Oxfam International, publié le 16 octobre 2008 à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation organisée par l’ONU, près d’un milliard d’habitants des pays en développement serait menacé par la famine. Voilà l’une des conséquences de la hausse du prix des denrées de base comme le riz et les céréales. Après avoir provoqué une flambée des prix alimentaires et déstabilisé l’économie des pays les plus pauvres, les agrocarburants sont responsables d’avoir engendré les dramatiques émeutes de la faim[19] qui ont ému l’opinion publique en avril dernier. M. Jean Ziegler s’est insurgé contre les « maîtres du monde » qui subventionnent grâce à leurs milliards une politique de culture et d’exportation des agrocarburants « qui draine cent trente-huit millions de tonnes de maïs hors du marché alimentaire et jettent les bases d’un « crime contre l’humanité » pour sa propre soif de carburant. »[20]. Hélas, contrairement aux promesses faites par les pays développés en avril 2008, la mobilisation internationale ne s’est pas ou peu concrétisée, les pays riches semblant accaparés par la crise financière de septembre 2008. Sur les 12,3 milliards[21] de dollars promis, seulement un milliard a été versé pour lutter contre la faim en 2008. Que sont 25 milliards par rapport aux 1500 milliards de dollars débloqués en quelques jours par l’Europe et les Etats-Unis pour venir en aide aux banques de leurs pays au plus fort de la crise ?

Le jardin d’Eden n’est qu’un mythe…
L’écolomania, c’est la culture du bon sentiment… dans un égoïsme de bon aloi ! Née d’un péché (originel) : le sentiment de culpabilité (« complexe » que bon nombre d’Occidentaux éduqués dans la philosophie judéo-chrétienne n’ont pas réussi à chasser totalement), cette nouvelle religion séduit car elle promet un monde meilleur, un nouvel Eden, en donnant l’illusion à l’individu en quête d’une religion perdue d’avoir trouvé un sens à sa vie : sauver les « générations futures » sans doute faute d’avoir su -ou voulu- sauver les Vivants qui agonisent en ce moment mêm sous ses yeux. Sous nos yeux.
Dans la bande-annonce d’un autre film consacré à la planète : « Nous resterons sur Terre[22] » et réalisé par Olivier Bourgeois et Pierre Barougier, Edgar Morin nous délivre ce message plein d’espoir : « Il ne s’agit pas seulement de reconsidérer notre relation avec la nature, mais de reconsidérer notre relation avec nous-mêmes, notre propre société. ». Espérons, en effet, que cet emballement écolomaniaque aura au moins permis de « reconsidérer la richesse » pour reprendre une expression du philosophe Patrick Viveret[23], de repenser notre rapport aux autres, à la nature et à nous-mêmes. Les êtres humains ne peuvent disposer de la planète à leur guise et doivent partager avec les plus démunis tout en préservant la nature dont hériteront les générations suivantes.
Evidemment que cette prise de conscience était nécessaire, de même qu’une réflexion en profondeur sur nos modes de vie et de consommation bien peu altruistes ! Pour autant, faut-il rechercher des coupables parce que le bon peuple a besoin de mettre des noms ou des visages sur ce ou ceux qui incarnent le Mal ? Et bien, j’aurais tendance à répondre qu’à la limite, je m’en fiche… La question aujourd’hui n’est pas de savoir « qui » est véritablement responsable du dérèglement climatique, mais bien de changer les habitudes de consommation. Nous sommes tous à peu près d’accord sur ce point, il me semble donc inutile d’en rajouter en créant de nouvelles peurs, en menaçant les mécréants d’une apocalypse imminente ou pire, de l’enfer sur Terre… Certains, loin de nous, le vivent déjà.

Il est clair que, depuis la nuit des Temps, l’être humain n’en finit pas de s’interroger sur son origine, sa raison d’être ou sa finalité. Pour chacun d’entre nous, le sens de la vie reste la question essentielle. Notre ignorance à peu près complète des secrets de l’univers a de quoi rendre nerveux. Troisième millénaire ou non, chez le petit peuple comme dans l’élite intellectuelle, les terreurs collectives irrationnelles ont encore de beaux jours devant elles, de même que l’illusion récurrente de pouvoir sauver l’humanité en sacrifiant quelques victimes innocentes… Gilbert Keith Chesterton a écrit : « Depuis que les hommes ne croient plus en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croient en rien, c’est qu’ils sont prêts à croire en tout. ». La messe est dite…
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Notas :
1. Tous ces thèmes sont développés dans mon essai, à paraître en octobre prochain, « La dernière Croisade. Polémiques sur l’écolomania ».
2. Je vous recommande la lecture du nouveau maître du roman d’espionnage français, Patrick de Friberg, qui aborde le thème de la faim dans le monde et de la justice naturelle dans « Le dossier Déïsis ». Plus d’infos sur son blog : http://blog.patrickdefriberg.com/

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Pour en savoir plus sur Véronique Anger-de Friberg :
Journaliste et auteur française vivant au Canada, Véronique Anger-de Friberg a notamment publié : « Les Dialogues Stratégiques. Mieux comprendre la complexité et l’évolution du monde» (éd. Des idées & des Hommes, 2007) et «Scandales à l’Elysée. Des réseaux mafieux corses à l’international terrorisme, de l’affaire des plombiers aux otages du Liban » (JM Laffont éditeur, 2004). A parraître le 24 novembre 2009 (éditions L'Arganier) : « La dernière Croisade. Polémiques sur l’écolomania ». Consulter les sites web de l’auteur : http://www.lesdialoguesstrategiques.com/ et http://blog.veroniqueanger.org/.
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[1]« Home » est produit par Luc Besson et le groupe Pinault, Printemps, La Redoute. La bande-annonce est sur : http://www.youtube.com/watch?v=GItD10Joaa0. Le film en version intégrale : http://www.youtube.com/watch?v=NNGDj9IeAuI&eurl=http%3A%2F%2Fwww%2Egmodules%2Ecom%2Fgadgets%2Fifr%3Furl%3Dhttp%3A%2F%2Fhomegadget%2Egooglecode%2Ecom%2Fsvn%2Ftrunk%2Fgadget%2Dfr%2Exml%26nocache%3D0%26lang%3Dfr%26country%3Dfr&feature=player_embedded. . Voir aussi la conférence de presse de Yann Arthus Bertrand et de Luc Besson : http://www.youtube.com/watch?v=egqF0NtEAo0. L'homme d'affaires François-Henri Pinault a "sponsorisé" le film (qui a demandé 3 ans de travail) à hauteur de 12 millions d'euros. Seule la version « cinéma » est payante (5€) et une partie des bénéfices est reversée au combat pour préserver la Terre. Les spectateurs sont invités à réagir au film et adresser des propositions « constructives » sur le site de l’association à but non lucratif fondée par Yann Arthus Bertrand, http://www.goodplanet.org (« Mettre l’écologie au cœur des consciences »), ou sur le site de son ONG, http://www.action carbone.org. Il est à noter que ce docu-film est un parmi d’autres eet précède les films réalisés par Nicolas Hulot et par Jacques Perrin (annoncés par YAB chez Ruquier sur France 2 le 31 mai 2009) qui délivrent eux aussi leur message alarmiste sur l’environnement.
[2] Philosophe, membre de l’Académie française, Michel Serres est l’auteur de nombreux livres dont « Éloge de la philosophie en langue française » (Fayard. 1995), « Hominescence » (Le Pommier. 2001) et « Petites chroniques du dimanche soir » (Le Pommier. 2006) inspiré de ses chroniques scientifico-philosophiques diffusées sur France Info.
[3] Accessoirement membre du conseil d’administration d’Apple, conseiller de Google, créateur de la chaîne de télévision interactive CurrentTV, partenaire d’un fond d’investissement londonien dans les énergies renouvelables.
[4] Son premier livre Sauver la planète Terre (Albin Michel. 1992) a été traduit en trente trois langues.
[5] Le rapport de l’économiste britannique Sir Nicholas Stern, « L’économie du changement climatique », est devenu quasiment parole d’Evangile depuis sa publication en octobre 2006 avec le soutien des Nations Unies.
[6] J’avais déjà établi ce parallèle entre nouvelle religion et intégrisme écologique dans l’article : « Claude Allègre, hérétique ? » publié sur AgoraVox le 5 octobre 2006.
[7] L’anthropologue français René Girard, connu pour ses théories audacieuses, a consacré de nombreux ouvrages au processus victimaire. « La violence et le sacré » (Grasset. 1972), traduit en plusieurs langues, fait toujours référence dans les milieux universitaires.
[8] Selon René Girard, dans les cas de meurtres « unanimes » (sacrifice du bouc émissaire ou exécution capitale d’un condamné) les individus partagent tous le même degré d’innocence et de responsabilité. La victime ou le condamné sont sacrifiés pour sauver ou protéger tous les autres. Le meurtre fondateur est « réconciliateur » car, il élimine tout désir individuel de vengeance, En effet, quiconque souhaiterait se venger serait contraint de s’attaquer à la société tout entière. Le meurtre fondateur ramène la paix sociale dans le groupe et renforce l’unité de la communauté... jusqu’à la prochaine crise !
[9] Je fais référence au documentaire de Romain Clément « Le toit du monde nous fond sur la tête » (2008) diffusé sur TV5 Canada les 22 et 25 février 2009.
[10] « Le GIEC a misé en 2007 sur une hausse de 59 cm au maximum du niveau de la mer d’ici à 2100 en ne prenant en compte que l’expansion naturelle du volume des eaux océaniques due à leur réchauffement, sans intégrer la fonte des glaces de l’Antarctique et du Groenland. Un tel phénomène pourrait entraîner le déplacement d’ici à 2050 de 150 millions de personnes des îles mais aussi des régions et villes situées sur les côtes ou dans les deltas, selon ses prévisions. ». Source : Extrait du rapport publié par Le Monde/AFP le 12 mai 2009 : « Réchauffement climatique : les petits Etats insulaires en première ligne ».
[11]Seulement 1 milliard a été versé pour lutter contre la faim en 2008 sur les 12,3 promis. Une goutte d’eau, à l’échelle des 1500 milliards de dollars débloqués en quelques jours par l’Europe et les Etats-Unis pour venir en aide aux banques de leurs pays au plus fort de la crise…
[12] « La haine de l’Occident ». Jean Ziegler (éditions Albin Michel. 2008). Le suisse Jean Ziegler est sociologue, ancien rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation et actuel membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
[13] Dans son rapport : « L’environnement en Amazonie », le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) estime que 17% de la forêt amazonienne a été détruite entre 2000 et 2005 (soit 875.000 kilomètres carrés d’arbres sur une surface de 5.148 millions de kilomètres carrés).
[14] « Il serait possible avec 40 milliards de dollars supplémentaires par an de s’attaquer pour de bon à la famine, aux problèmes d’accès à l’eau potable et à ces maladies souvent mortelles que l’on sait pourtant soigner ou prévenir à coûts réduits, comme la tuberculose, la diphtérie, le paludisme,... Peut-on prétendre que l’on est incapable de mobiliser de telles sommes alors que dans le même temps les seules dépenses en cigarettes en Europe s’élevaient en 1998 à 50 milliards de dollars et celles en boissons alcoolisées à 105 milliards de dollars(...), le seul achat des crèmes glacées à 11 milliards de dollars ? » pour ne citer que ces exemples extraits du Rapport mondial sur le développement humain (1998) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
[15] Food and Agriculture Organisation of the United Nations.193 pays s’engagent à lutter « par tous les moyens » contre la crise alimentaire responsable des émeutes de la faim. Les pays membres de la FAO espèrent diviser par deux le nombre de personnes qui souffrent de la faim d’ici à 2015.
[16] “How many deaths will it take till he knows that too many people have died ?”. Blowing in the wind. Bob Dylan. 1962.
[17] Extrait de « Dany Laferrière condamne le silence des intellectuels », chronique publiée dans le journal « La Presse » du 29 décembre 2007, et toujours d’actualité au Canada comme en France.
[18] « L’Algérie et le Vietnam n’ont rien appris à nos élites, dont les repentances ont toujours 50 ans de retard. ». Régis Debray.
[19]La reconversion de millions d’hectares de terres agricoles consacrées aux cultures vivrières au profit de la culture d’agrocarburants (la fabrication d’éthanol est plus rentable car subventionnée) a provoqué une inflation alimentaire (sur le marché mondial, le riz a augmenté de plus de 50% et les céréales de plus de 84% depuis le début de l’année 2008) et conduit les populations urbaines des pays en voie de développement, trop pauvres pour acheter une nourriture plus rare et devenue hors de prix, à se révolter en Bolivie, au Cameroun, en Chine, au Darfour, en Egypte, en Haïti, en Inde, en Indonésie, à Madagascar, en Malaisie, au Maroc, en Mauritanie, au Mexique et au Pakistan notamment. Le blé, les céréales et le maïs représentent les denrées les plus consommées, soit 45 % de la nutrition totale.
[20] Jean Ziegler a publié « La haine de l’Occident » (éditions Albin Michel. Octobre 2008) qui rappelle notamment que les pays développés ont les moyens financiers de subvenir aux besoins vitaux de tous les êtres humains vivant sur cette planète... mais encore faut-il qu’ils le veuillent.
[21] Chaque année, la communauté internationale consacre moins de 100 milliards d’euros d’aide publique au développement alors que 150 milliards suffiraient à garantir la santé et la subsistance à un milliard d’êtres humains.
[22] « Nous resterons sur Terre » est sorti dans les salles françaises le 8 avril 2009.
[23] Patrick Viveret est l’auteur du rapport « Reconsidérer la richesse » (Mission « Les nouveaux facteurs de richesse ») pour l’ancien secrétaire d’Etat à l’Economie solidaire Guy Hascoët.
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3 commentaires:

François B a dit…

Bonjour,
vous ai déjà croisé sur Facebook.
Ravi que vous teniez ce genre de propos ; nous ne sommes pas seuls à être méfiants envers ces discours uniformisants et culpabilisants...

Unknown a dit…

Bonjour,
je découvre aujourd'hui même votre blog, et les quelques articles que je viens de lire m'ont paru vraiment très intéressants. Concernant le RCA, je n'ai pas d'idée tranchée, à part le fait que le prétendu consensus que représenterait le GIEC est un mythe . Je vous conseille l'excellent livre de Benoit Rittaud ("Le mythe climatique") au cas où vous ne l'auriez pas lu.
Je me permets également de vous signaler mon blog qui je l'espère vous intéressera.
hhtp://imposteurs.over-blog.com/
Cordialement,
Anton Suwalki

Véronique Anger-de Friberg a dit…

Je connais le livre de Benoît Rittaud bien sûr, et il est effectivement remarquable. Merci.