Vu sur la chaîne Planète : les extraits d’un documentaire exclusif sur les pratiques des Talibans organisant la terreur et mettant en scène des exécutions publiques. Commentaire du patron de l’agence de presse indépendante, Tony Comiti, qui a envoyé à Kaboul deux grands reporters au sang-froid impressionnant, Céline Hue et Daniel Lainé, un homme et une femme rôdés aux zones de conflit.
"Aucun chef de médias ne voulait prendre le risque de diffuser ces images d'une violence extrême. La donne a changé au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à New York. » se souvient le patron de TV Productions Tony Comiti. Deux mois après le tournage du reportage "Kaboul interdit(1)", les Twin towers s’’écroulent. Le téléphone de Comiti ne cesse plus de sonner... Les « Barbus », qui n’intéressaient aucun grand patron de chaîne, passionnent soudain toutes les rédactions occidentales... parce qu’un mort près de chez vous aura toujours plus d'intérêt que deux morts dans la ville voisine.
C’est l’actu qui fait l’info et non l’info qui fait l’actu…
C’est ainsi : il y a ceux qui prennent tous les risques pour rapporter l’info, témoigner et il y a ceux, le cul bien au chaud dans leur bureau, qui décident de diffuser ou non. En réalité, c’est l’actualité qui impose sa loi dans le plus grand cynisme. Oui, c’est l’actu qui fait l’info et non l’info qui fait l’actu…
En regardant cette passionnante émission, je me suis dit qu’il me fallait rendre hommage à ces grands reporters, à ces journalistes de terrain si discrets. Leurs images-chocs ont fait le tour du monde, sur papier glacé ou sur les écrans. Certaines nous ont marqués à jamais, reproduites à la Une des plus grands journaux ou diffusées en boucle sur les chaînes du monde entier. Pourtant, qui connaît le nom de leur auteur ?
Parmi ces anonymes guerriers de l’information, qui prennent des risques considérables pour rapporter les témoignages les plus extraordinaires certains seront emprisonnés et parfois oubliés dans leur geôle à l’autre bout du monde. D’autres, beaucoup trop, seront tués. Un lourd tribut payé au nom de la liberté de la presse et du droit/devoir d’informer. Quelques uns décrocheront le prestigieux Prix Pulitzer ou Albert Londres, consécration d’une vie en quête de vérité à n’importe quel prix… Un prix trop cher payé pour un Prix bien dérisoire en réalité !
Peu de rapport entre ces dignes héritiers d’Albert Londres, de Kessel, Hemingway ou Capa et nos éditorialistes et autres donneurs de leçons de salon qui sévissent dans les grands quotidiens. Comme les Hommes, les journalistes sont « pluriels ». Et ce ne sont pas les plus courageux ou les mieux informés que l’on entend le plus. « Une presse libre et indépendante est l'un des fondements de la paix et de la démocratie » a dit le secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon.
Oui, le rôle du journaliste indépendant est de rendre compte des faits et de coller au plus près de la vérité. Il arrive que le journaliste se trompe. Il arrive aussi qu'il se fasse manipuler. Mais il ne doit, en aucun cas, user de son influence pour servir une idéologie ou se faire le complice d'un système mafieux. Le problème c'est qu'il n'existe plus de journaux indépendants…
(1) « Kaboul interdit » de Daniel Lainé et Céline Hue. Un documentaire de 26 mn réalisé alors que la ville est sous la coupe des Talibans depuis 5 ans (Production Tony Comiti-agence de presse, France).
Photo : portrait d’Albert Londres
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