lundi 8 mars 2010

Claude Allègre répond au Monde. Une réponse non polémique.


Belle tentative du Monde, qui a essayé de pousser Claude Allègre* à la faute en le provoquant sur le terrain de la calomnie et de l'attaque personnelle sans fondement. C'est faire insulte à l'intelligence de l'ancien ministre de l'Education et de la Recherche qui répond sur un ton dépassionné, sans entrer dans la polémique, tout en proposant d'ouvrir enfin un vrai débat sur les questions qui fâchent.


On est loin, dans cette réponse, du point Godwin et des attaques personnelles habituelles du Monde... en particulier du sieur Kempf dans sa chronique du 21 février 2010, "L'heure du choix", qui comparait les sceptiques aux "nazis" et aux "munichois"... Article auquel, choquée, j'ai moi-même répondu le jour même : "Quand Le Monde ne tourne plus rond...".



Point de vue

Climat : les questions qui restent posées, par Claude Allègre

LE MONDE | 03.03.10 | 13h45 • Mis à jour le 03.03.10 | 13h45

Droit de réponse de Claude Allègre à l'article de Stéphane Foucart du Monde : "Le cent fautes d'Allègre" du 28/02/2010.



Le Monde a consacré au livre que je viens de publier - avec la collaboration de Dominique de Montvalon - une page entière. A priori, quel hommage, presque démesuré ! Hélas, cette page - tout entière consacrée à relever, à la façon d'un scribe intégriste, de supposées erreurs dans l'appareil de références et de citations - ne dit pas un mot de notre analyse de fond au lendemain de l'échec totalement prévisible et extrêmement grave du sommet de Copenhague. Pourtant, quand le doigt montre la lune, c'est la lune, on le sait, qu'il faut regarder. Mon livre dérangerait-il trop de conformismes, trop d'intérêts ?

La vérité est la suivante : dans un nombre considérable de pays, et pas seulement dans les pays anglo-saxons, ce débat - inévitable parce que vital - est déjà engagé. Il est urgent donc qu'il s'engage en France, et sur la place publique, n'en déplaise à ceux qui tentent de continuer à en faire, au service de leurs thèses, un monopole privé et verrouillé.

Cinq questions, au moins, se posent.

1. Le fonctionnement du GIEC pose-t-il problème ? Notre réponse : oui, très gravement. Non seulement parce que chaque jour apporte la preuve d'erreurs scientifiques graves commises par cet organisme, mais aussi parce que son principe de fonctionnement - celui du consensus, qui passe sous silence les opinions minoritaires - est incompatible avec l'éthique de la science. Aucun scientifique ne peut accepter une vérité décidée par quelques-uns et tombée d'en haut.

2. La planète est-elle menacée de réchauffement ? Oui, de deux ou trois degrés dans... un siècle. Mais elle est aussi, peut-être, menacée de refroidissement. Faut-il continuer à s'agiter dans des colloques sans rien faire ou faut-il, comme nous le suggérons, s'adapter à toutes les éventualités ?

3. Le CO2 est-il une menace ? L'excès de CO2, évidemment. Et cet excès doit être combattu car, par exemple, il acidifie l'océan et, de toute manière, il est de bonne pratique d'économiser les énergies fossiles. Mais, en l'état, tout lui imputer - donc tout imputer à l'homme -, c'est s'égarer.

4. Y a-t-il une idéologie du réchauffement climatique ? C'est une évidence. Il faut retrouver les lois élémentaires du débat scientifique - ouvert, contradictoire, sans a priori -, mais certains écologistes (ou se présentant comme tels) s'arc-boutent : hors de notre pré carré, disent-ils, point de salut. De quoi ont-ils peur ?

5. Comment expliquer la rébellion, à Copenhague, des grands pays émergents (Chine et Inde en tête) ? Par leur refus d'un néocolonialisme rampant, adossé à de grands intérêts financiers dont l'un des principaux porte-parole est l'ex vice-président américain Al Gore. Un écobusiness qui a aussi ses pratiquants en France.

Discutons de tout cela, qui n'est pas mince. Et voyons si le dossier climatique est ou non, pour une planète minée ici par une crise historique et le chômage, là par la famine et le manque d'eau potable, la priorité des priorités. Je dis que non. Il faut croire au progrès et en l'avenir, et l'avenir, c'est la croissance verte et l'innovation. Mais l'avenir ne se bâtira ni en circuit fermé ni avec des oeillères, encore moins en propageant la peur. En ce sens, Copenhague n'est pas un simple dérapage, mais un signal d'alarme. Il faut repartir de zéro, ou presque. C'est ce à quoi invite, entre autres, mon livre."



*Médaille Fields, médaille d'or du CNRS, prix Crafoord pour la géologie, médaille Wollaston, M. Claude Allègre est géophysicien, géochimiste, ancien ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie du gouvernement Jospin de 1997 à 2000. Dernier titre publié : L'imposture climatique, ou la fausse écologie (avec Dominique de Montvalon. Plon, février 2010).

Article lié : "Claude Allègre, hérétique ?". Véronique Anger-de Friberg, Les Di@logues Stratégiques du 5 octobre 2006.


1 commentaire:

Daniel PIGNARD a dit…

Je verrais une 6è question à poser : Si réchauffement il y a, est-il néfaste aux hommes ? Adam et Eve étaient prévus pour vivre nus, ce qui témoigne d'un climat pour le moins très clément.