vendredi 2 avril 2010

Vincent Courtillot répond à la pétition des climatologues



"Jusqu'à nouvel ordre, il n'y a pas de censure idéologique en sciences… La meilleure manière de critiquer nos résultats scientifiques n'est pas d'envoyer une pétition à des «tutelles» mais de soumettre par les mêmes voies des articles pour publication.".

Un extrait de l'interview publiée par Marc Mennessier dans Le Figaro du 2 avril 2010 : « Le Giec n'est pas le garant de la vérité scientifique ». Légitime mise au point du géophysicien et directeur de l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP), Vincent Courtillot (en médaillon) qui répond à la pétition des 400 chercheurs-climatologues(1).


Je vous recommande également la lettre adressée par le chercheur Benoît RITTAUD (auteur du livre Le Mythe Climatique. Ed. du Seuil) aux hautes instances scientifiques, en réponse à la pétition des 400 climatologues.
Extrait : "En dévoyant le sens du processus de relecture par les pairs, aussi bien qu’en soumettant votre travail à l’imprimatur de structures politiques, vous ne réalisez sans doute pas la portée de votre geste. Votre assaut dérisoire se fait au prix d’un précédent extrêmement dangereux, qui fragilise la science dans son ensemble et va contribuer à affaiblir plus particulièrement la climatologie. Nous touchons là à des idées qui vont bien au-delà du seul débat sur le climat : la place de la science, la liberté d’opinion.".


Ecouter aussi la mise au point de Serge GALAM, physicien, directeur de recherches au CNRS, auteur de "Les scientifiques ont perdu le Nord" (Plon, 2008)

invité de "C à dire", la quotidienne de Thierry Guerrier sur France 5.





A ce sujet, il est tout de même extraordinaire qu’aucun des journalistes (notamment Foucart, Huet, Haski,…) ayant reçu par courriel -et pour information le 30 mars- mon article publié le 29 mars sur mon blog et daté du 30 mars sur AgoraVox : « Climato-scepticisme : Galilée convoqué devant le Saint-Office ? » (avecplus de 250 réactions en une journée) n’ait eu la correction de citer cette source pourtant largement relayée par de nombreux réseaux… Un texte qui a mis le feu aux poudres en dévoilant l’existence de la pétition des chercheurs-climatologues (289 signataires à ce moment-là) ou plutôt une tentative de cabale éventée, qui a conduit les initiateurs à retravailler leur copie à la hâte et dans un esprit moins agressif. Lire mon article d’aujourd’hui sur AgoraVox : "400 climatologues en colère : 2 versions pour une même pétition !. La comparaison entre les 2 versions, à 2 jours d’intervalle, est assez stupéfiante… mais personne, à part moi, ne le remarquera bien sûr !

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«Le Giec n'est pas le garant de la vérité scientifique»

Source : Le Figaro.fr du 2 avril 2010

Par Marc Mennessier
02/04/2010 | Mise à jour : 19:21
Réactions (216)

INTERVIEW - Le géophysicien Vincent Courtillot répond à la pétition des climatologues.

Dans un courrier adressé jeudi à la ministre de la Recherche, Valérie Pécresse, 400 chercheurs spécialistes du climat se sont plaints des «accusations mensongères» portées contre eux par les climatosceptiques (voir nos éditions d'hier). L'un de leurs chefs de file, le professeur Vincent Courtillot, directeur de l'Institut de physique du globe à Paris, nommément mis en cause, a accepté de répondre en exclusivité aux questions du Figaro.

LE FIGARO. Comment réagissez-vous à cette pétition?

Vincent COURTILLOT. J'y suis attaqué de manière profondément fausse et choquante. Je partage cet honneur avec Claude Allègre. Celui-ci n'a pas besoin de moi pour défendre son point de vue. Certes, une partie de nos conclusions sur la question de l'origine du réchauffement climatique sont proches, mais il a ses arguments et ses méthodes et moi les miens. Je me bornerai donc à répondre aux accusations explicitement portées contre moi.

Comme celle de porter des «accusations mensongères» à l'encontre de la «communauté» des climatologues…

Il faudrait d'abord définir les contours de cette communauté dont il est permis de se demander si elle ne s'est pas autodécrétée comme telle. Si deux de ses principaux leaders, Jean Jouzel et Hervé Le Treut, sont respectivement spécialistes de géochimie et de modélisation numérique, mes collègues et moi-même avons une grande expertise du traitement des longues séries de mesures en observatoire. Toutes ces approches ont quelque chose à apporter à la climatologie, science jeune et faite surtout de l'addition de nombreuses disciplines très diverses. Les pétitionnaires confondent (volontairement?) leur communauté avec le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). C'est lui dont je critique le mécanisme. Je maintiens que même avec les scientifiques les plus nombreux, un système de ce type ne garantit en rien de dire, à un moment donné, la «vérité scientifique». Celle-ci ne peut pas être le résultat d'un vote démocratique… Un seul avis contraire peut se révéler in fine exact. Le XXe siècle en regorge d'exemples: ainsi, dans mon domaine, celui de la dérive des continents, un Giec n'aurait su dire la vérité qu'avec soixante ans de retard!

Les signataires vous reprochent de douter de leur «intégrité»…

C'est faux. Je critique simplement les interprétations de certains d'entre eux. Est-ce désormais interdit en sciences? En outre, c'est oublier le fait que les «carbocentristes», comme les «climatosceptiques» d'ailleurs, ne parlent et ne pensent heureusement pas tous d'une seule voix. On gomme trop souvent les divergences utiles qui les opposent.

Avez-vous publié les résultats de vos travaux dans des revues scientifiques?

Le texte de la pétition me reproche en effet de n'être pas «passé par le filtre standard des publications scientifiques». Mais c'est encore une fois absolument faux! Six articles ont été publiés en cinq ans dans des revues internationales de haut niveau: Earth and Planetary Science Letters (EPSL), Comptes rendus de l'Académie des sciences et la dernière dans Journal of Atmospheric and Solar-Terrestrial Physics . Deux autres sont soumis à l'évaluation de nos pairs anonymes. Aucun n'a pour l'instant fait l'objet de critiques scientifiques, à l'exception d'un article dans EPSL il y a deux ans . Mais nous avons répondu, mes collègues et moi, point par point, dans la revue. J'ajoute que toutes nos études ultérieures n'ont fait que renforcer nos premières conclusions. C'est seulement après tout ce travail, effectué «dans l'ombre», que j'ai publié cet automne, dans le livre (1) visé par la pétition, le résumé de ces recherches.

Vous allez donc continuer...

Jusqu'à nouvel ordre, il n'y a pas de censure idéologique en sciences… La meilleure manière de critiquer nos résultats scientifiques n'est pas d'envoyer une pétition à des «tutelles» mais de soumettre par les mêmes voies des articles pour publication. Comme l'écrit mon collègue physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, «que les signataires jugent nécessaire de faire appel aux pouvoirs politiques et administratifs pour étayer leurs positions revient à reconnaître le manque d'indépendance qui leur est reproché par leurs adversaires, et qui obère la fiabilité des travaux du Giec». Je n'oublie donc en rien «les principes de base de l'éthique scientifique», comme cela m'est reproché. Mes collègues et moi avons simplement contribué à ouvrir un débat qu'il était auparavant très difficile d'avoir.

(1) «Nouveau Voyage au centre de la Terre», Odile Jacob, septembre 2009.

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Lettre ouverte aux signataires de l’appel « Éthique scientifique et sciences du climat »

Benoît Rittaud
(Source : Le mythe climatique, le blog de Benoît Rittaud, le 1er avril 2010)

Messieurs les Académiciens,
Mesdames et messieurs les directeurs de centres de recherches,
Chers collègues,

Vous êtes à présent environ cinq cents à avoir signé cette pétition dont l’objet est d’obtenir une mise à l’index des livres de Claude Allègre et Vincent Courtillot de la part de vos ministres et organismes de tutelle. Vous invoquez pour cela le « pacte moral » qui lie les scientifiques à la société, et vous vous indignez d’accusations d’impostures, qui constituent pour vous une insulte à votre intégrité.

Le débat qui nous agite autour du climat est un débat fondamental, car de la manière dont la société décidera de le trancher pourrait découler une modification profonde de notre organisation sociale. La rigueur scientifique y est donc plus que jamais indispensable, et vous avez raison de parler de pacte moral entre la science et la société. L’un des éléments les plus essentiels de ce pacte est la stricte séparation entre le travail scientifique et la parole politique. Comme l’histoire des sciences le montre aisément, et comme l’avait déjà compris Max Weber, le mélange entre science et politique conduit immanquablement à un affaiblissement de la première. Personne parmi vous, sans doute, ne souhaite voir se répéter les errements auxquels a parfois conduit un tel mélange.
C’est pourtant à cela que, de manière sûrement involontaire, votre initiative conduit inévitablement. Votre pétition, en effet, demande expressément une réaction des structures référentes de la recherche publique. Qui donc, parmi vous, pense que l’honneur des scientifiques repose dans une prise de position que pourrait prendre un ministre sur la théorie scientifique que vous défendez ? À l’évidence, tout appui que vous pourriez recevoir sera logiquement interprété comme étant de nature partisane, ne faisant que refléter la réalité de jeux de pouvoir qui vous échappent. Où est donc la science dans tout cela ?

La forme de votre initiative est donc une double méprise. La première méprise consiste à demander au pouvoir politique de prendre parti contre des personnes ayant publié des livres. Cela s’apparente fort à une tentative d’entrave à la liberté d’expression. Plus grave encore, cette velléité de censure qui ne dit pas son nom s’appuie sur une invocation du « filtre standard des publications scientifiques », rapprochant ainsi de façon coupable les procédés de revue par les pairs d’une censure légale.
Comment a-t-il pu vous échapper que les éditions Plon, qui publient le livre de Claude Allègre, aussi bien que les éditions Odile Jacob, qui publient celui de Vincent Courtillot, ne sont pas, n’ont jamais été, et n’ont pas à être soumis au processus de revue par les pairs ? Ces deux éditeurs ont leur propre politique éditoriale, qu’ils délimitent de la manière qu’ils veulent. Ils n’ont en aucune manière à rendre des comptes au CNRS, au ministère de la Recherche, ou à n’importe quelle autre structure institutionnelle. Ces dernières n’ont pas davantage à donner leur avis dessus, sollicité ou non.
Bien sûr, la liberté d’expression n’est pas absolue, et un cadre existe pour en délimiter les contours. C’est cela qui amène à votre seconde méprise : avoir ignoré le rôle de la justice. Celui qui estime être l’objet d’une diffamation peut demander réparation à la justice, seule habilitée à trancher ce type de litige. Si celle-ci n’a certes pas pour rôle de trancher un débat scientifique, elle a en revanche celui de déterminer si telle ou telle déclaration a un caractère infamant. Il existe des cadres pour régler certains différents ou infractions à la loi, des espaces pour débattre (les médias) mais il n’existe heureusement plus un quelconque « droit divin » en vertu duquel on pourrait sanctionner pour délit d’opinion.

En dévoyant le sens du processus de relecture par les pairs, aussi bien qu’en soumettant votre travail à l’imprimatur de structures politiques, vous ne réalisez sans doute pas la portée de votre geste. Votre assaut dérisoire se fait au prix d’un précédent extrêmement dangereux, qui fragilise la science dans son ensemble et va contribuer à affaiblir plus particulièrement la climatologie. Nous touchons là à des idées qui vont bien au-delà du seul débat sur le climat : la place de la science, la liberté d’opinion.
Ainsi, vous avez fait un pas de trop. S’il est parfaitement légitime de votre part de vouloir défendre la justesse de votre cause et la rigueur de vos travaux, en aucun cas tout cela ne peut justifier un appel à la censure et à l’arbitraire. Il n’y a pas de science officielle dans ce pays, fut-elle publique. En invoquer une ne peut qu’accroître le doute et la confusion. La légitimité des travaux menés en climatologie passe par d’autres voies que la désignation à la vindicte de boucs émissaires, et il nous revient à tous de faire en sorte que ne s’éteigne pas une certaine idée de la science.

Benoît Rittaud.


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