Pourquoi cacher son identité sous un pseudo ? Je ne parle pas de ces blogueurs qui publient sur la blogosphère et affichent leur véritable photo et un bref CV. Pour ceux-là, le pseudo est un nom de scène en quelque sorte : tout est vrai sauf leur nom. Je parle du pseudo auquel n’est associée aucune information pertinente qui permettrait d’identifier qui se cache derrière cet utilisateur. Chez certains d’entre eux, le pseudo signifie : « Je vous insulte en toute impunité, je décrète, je critique, bref je vous crache à la figure d’autant plus volontiers que je n’ai pas à assumer mes opinions au grand jour. Personne ne connaîtra mon vrai visage, alors pourquoi me priver ? ». Il est clair que l’absence de contrôle social, la garantie de l’anonymat et d’une totale impunité libèrent la véritable nature de certains contributeurs. Trop d’entre eux, provocateurs, extrémistes, under trolls, confondent liberté d’expression et liberté de menacer, de diffamer ou d’insulter… au nom de la démocratie.
Ainsi, les « trolls(1) » ou « under trolls » (j’en ai recensé 18 sur AgoraVox et 23 sur Le Post dont certains possèdent une adresse IP commune…) commencent à saturer sérieusement la plupart des sites, blogs ou journaux. La nature ayant horreur du vide ils se sont organisés au fil des années et ont développé une grande capacité de nuisance en occupant l’espace laissé libre par des rédacteurs et des lecteurs qui préfèrent renoncer à contribuer tant ils sont exaspérés par le niveau zéro du débat. En effet, les esprits haineux ont fait fuir les lecteurs modérés qui auraient aimé donner leur avis, mais préféreront se taire compte tenu de la débauche de violence dont ils seront l’objet à peine leur post en ligne (en règle générale, environ 98% des lecteurs ne s’expriment pas). De plus en plus de rédacteurs renoncent aussi à publier leurs articles quand les commentaires qu’ils suscitent se transforment systématiquement en tentatives d’intimidation pour les faire taire.
Pour avoir choisi de modérer les fils de discussion que je lance quotidiennement sur mon Mur Facebook, je peux témoigner qu’il est possible d’élever le débat et d’échanger dans un climat de relative courtoisie. Je gère près de 5000 « amis ». Une centaine de contributeurs participent régulièrement à des discussions souvent animées sur des sujets de société parfois sensibles. J’ai affiché sur mon Profil une Netiquette très simple (échanges virils mais corrects : pas d’attaques personnelles, insultes proscrites, argumentation fondée sur des sources fiables, discours cohérent) à laquelle je ne souffre aucune dérogation. En cas de non respect de cette charte de bonne conduite, j’invite l’auteur du post à prendre connaissance des règles en vigueur sur mon Mur. Après 18 mois de pratique, je peux certifier que j’interviens de moins en moins souvent pour rappeler à l’ordre. Mes « amis » eux-mêmes régulent les fils de discussion et rappellent ma Netiquette au besoin (du chaos naît l’ordre…). Ils ont compris qu’il était beaucoup plus payant de respecter les autres contributeurs car ils savent que, sur mon Mur, ils ne se feront pas agresser. Ils savent aussi qu’ils doivent fourbir leurs armes car les échanges, pour courtois qu’ils sont, n’en sont pas moins sans concession.
Dans un marché de plus en plus concurrentiel, il est certain que ceux qui sauront modérer leur espace (privé ou public) avec le plus d’efficacité sont ceux qui seront les gagnants de demain. Plus la modération sera de qualité, plus les articles et les débats seront de bon niveau. Alors, ne laissez pas -ne laissons pas- envahir nos lieux d’expression préférés par des under trolls qu’il serait pourtant facile d’éradiquer.
Ces temps-ci, les éditeurs de sites (Le Post a convié rédacteurs et posteurs à une réflexion) et de journaux (AgoraVox, auquel je collabore depuis sa création, permet désormais aux rédacteurs de "replier" les posts) commencent enfin à réfléchir à la manière d’améliorer leur système de modération. Alors qu’ils hésitaient -au nom de l’internet libertaire et du droit à la parole- à modérer les contributions, certains inivitent désormais rédacteurs, lecteurs et posteurs à un débat sur cette question. Ce qui ne fait aucun doute désormais, c’est que les jours des under trolls sont comptés…
*Celle des under trolls bien sûr...
(1) "Un troll est une action de nature à créer une polémique en provoquant les participants d’un espace de discussion (de type forum, newsgroup ou wiki) sur un réseau informatique, notamment Internet et Usenet. Le mot désigne également un utilisateur qui a recours à ce type d’action. Par métonymie, on parle de troll pour un message dont le caractère est susceptible de générer des polémiques ou est excessivement provocateur, sans chercher à être constructif, ou auquel on ne veut pas répondre et que l’on tente de discréditer en le nommant ainsi. Le mot « troll » peut également faire référence à un débat conflictuel dans sa globalité. Dans la majorité des cas, l’évaluation repose sur l’aspect récurrent ou caricatural de l’argumentation, les participants peuvent alors tout aussi bien être qualifiés de « trolls » que de « trolleurs ».". Source, Wikipédia.
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4 commentaires:
Je n'ai qu'une expérience fort modeste et assez récente dans la pratique de commentaires sur les sites internet.
À la lecture de votre article, je comprend un peu mieux les comportements violents et les réactions agressives de certains intervenants.
Je ne pense pas m'éloigner tellement que cela de votre sujet en dénommant les "trolls" par leur équivalent "hooligans", terme communément réservé aux faux supporteurs présents dans les stades de foot.
Ce que les trolls ne supportent pas, c'est qu'ils n'existent pas. Ils ne sont que des avatars qui errent telles des âmes en peine, des âme tourmentées, dans les limbes du virtuel... Qui aurait peur de créatures virtuelles ?
Peut-être est-il utile d'ajouter qu'un propos anonyme ou non, mais qui ne critique pas en vérité, se fera juger par le juge de la terre. Voir psaume 94 ci-dessous.
http://www.biblegateway.com/passage/?search=psaume%2094&version=LSG
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